hide and seek | tanner

« Sloane, tu sais où pourrait-être Gamin Sexy ? » Plongée devant l'écran d'ordinateur de la réception je fis mine de ne rien entendre, ou du moins je répondis par un simple haussement d'épaules. Gamin Sexy, ce surnom me surprendrait toujours et leurs réactions face à lui me surprendraient encore plus. Telles des bêtes en quête d'un morceau de viande, ça en devenait presque gênant pour leurs maris, car oui, ces femmes, mes collègues étaient mariées à d'autres de mes collègues ! « Dommage, ça nous aurait un petit peu distrait. » Gloussa-t-elle à ses partenaires tout en s'éloignant de la réception. Mon regard se dirigea en direction d'une infirmière et sans bien même devoir se parler nous nous sommes mit à rire, comprenant ce que l'autre pensait. Amusant ? Pathétique ? Un mélange des 2 pour tout vous dire. Enfin, je n'allais pas m'arrêter là, je quittai à mon tour la réception décidant d'aller à l'étage, là où je me sentirai définitivement bien, en compagnie des enfants. Rien que l'idée de m'y rendre me réchauffait le cœur.
Il ne fallut pas longtemps que j'arrive à l'étage, les joies de l'ascenseur vous savez ! « Si tu le cherches il est au fond du couloir Doc' ! » M'annonça la réceptionniste du second tout en me faisant un clin d'oeil. Roulant des yeux, je fis une fois de plus mine de ne pas l'entendre. Et puis d'abord, comment savait-elle que je le connaissais ? Je lui lançais un dernier regard par dessus mon épaule essayant de comprendre comment pouvait-elle savoir que je le cherchais, même si ce n'était pas mon but principal mais surtout comment pouvait-elle savoir que je le connaissais mieux qu'on ne le disait ? Non pas que nous passions beaucoup de temps ensemble, il faut dire que depuis cette nuit que nous avions partagé, nuit complètement platonique rappelons le, je n'avais pas eu de signe de vie de sa part, bon j'avais peut-être contribué au fait de ne pas en avoir, essayant de me rendre à l'étage lorsque je savais qu'il n'y était pas, faire en sorte de ne pas le croiser dans les couloirs lorsque je soupçonnais qu'il y était mais quand même ! Je secouais la tête comme pour me sortir de mes pensées. Je n'avais pas eu de nouvelles de lui, peut-être était-il occupé avec la radio, ou je ne sais quoi d'autres, après tout, peu importe, nous n'étions pas ensemble, nous n'avions partagé qu'une nuit à parler de tout et de rien, j'avais dormi dans sa chambre et lui sur le canapé, rien de plus. Sauf que je m'étais levée, vêtue de son t-shirt et d'un petit short -je ne sais absolument pas pourquoi j'avais fait cette mise en scène- et je l'avais ramené dans sa propre chambre où je m'étais permise de m'endormir contre lui. Rien qu'en y repensant je me sentais affreusement idiote et gênée !

Ainsi, sans m'en rendre compte, j'arrivai au bout du couloir, oui je vous entends déjà, là où il était ! J'aurai aimé faire demi-tour mais lorsque je regardai à travers la porte je le vis, assit sur le lit, en compagnie de cette adorable petite fille qui riait à ses histoires. Je me calais contre le mur, posant un regard attendrit par la situation et surtout essayant de me faire aussi discrète que possible. Cela marcha, du moins durant quelques secondes, mon cœur s'emballa, je n'avais d'yeux que pour eux. « Sloane, tu gênes ! » Sursautant à l'entente de cette voix dans mon dos, je me retournai d'un bond, me décalai légèrement afin de laisser passer l'infirmière dans la chambre où il se trouvait. L'heure des traitements pour cette petite fille était arrivée, je lui souris et me retirai de la pièce. N'oubliant pas de faire un signe de main à Tanner au passage, comme pour le saluer, de même qu'un sourire puis, comme une gamine gênée, troublée et complètement timide, je me mis à marcher dans le couloir essayant de quitter l'étage et d'oublier à jamais cette scène des plus horribles. Mais allô, Sloane, tu n'étais plus une petite gamine de quatorze ans et encore même à quatorze ans tu ne fuyais pas lorsque tu te sentais gênée, tu faisais face. Dieu que je pouvais me sentir des plus idiotes. Je m'arrêtai en pleine course, collait mon dos contre le mur et fis de même avec ma tête, je fermai les yeux quelques instants essayant de me reprendre en main, « Sloane, tu n'as plus quatorze ans ! » Me dis-je à haute voix comme pour me donner cet élan de confiance que j'avais définitivement perdu depuis cette fameuse nuit. Et voilà que j'y repensais encore, à cette nuit. Prenant une profonde inspiration, je fis de même pour reprendre mon courage à 2 mains et décidai de retourner dans la pièce. Cependant, alors que je m'y apprêtai je le vis, à quelques mètres seulement de moi, mon cœur s'emballa, la confiance que j'avais récemment acquit s'envola en seulement quelques secondes. « Salut. » fut le seul mot qui sortie de ma bouche alors que nous nous retrouvions face l'un à l'autre. « Ça fait un moment que je ne t'avais pas vu... » commençai-je, « Non pas que je te cherchais, loin de là, enfin si un peu quand même, enfin tu... tu n'étais pas ici quand je venais. » je m’emmêlai les pinceaux, je me trouvai incroyablement ridicule d'ailleurs, mes mains partant dans tout les sens, signe de nervosité très intense. « Tu vas bien ? » Je conclu finalement et surtout je fermai mon clapé ! C'est dingue à quel point je pouvais en dire des choses en était de stresse !

SLOANE & TANNER.

there's an old voice in my head that's holding me back
but soon it will be over and buried with our past
wait, wait, wait for me, please hang around
I'll see you when I fall asleep
though the truth may vary
this ship will carry our bodies safe to shore.

Assis paisiblement sur ma chaise à la station de radio, je venais de finir l'enregistrement de l'émission pour ce soir. Je n’arrêtais pas de penser à Sloane et la nuit passée ensemble. Cela faisait cinq ans que je ne m'étais pas retrouvé aussi proche d'une femme, et ce n'était pas n'importe qui puisqu'il s'agissait d'une femme qui avait su trouver une affection plus que profonde. Elle ne me donnait aucune nouvelle, rien. Médecin urgentiste, je me disais qu'elle ne devait pas avoir le temps et quoi de plus normal, elle se donnait au maximum dans ce service. Nous ne nous connaissions pas beaucoup, mais suffisamment pour qu'elle puisse compter pour moi. J'étais souvent en sa compagnie et elle me rendait meilleur, je ne savais pas exactement pourquoi. J'oubliais le peu du passé que j'avais en mémoire, les souvenirs de prison, de solitude, de rejet même parfois, souvent à vrai dire. Je me demandais si, au cours de cette nuit, mon comportement avait été déplacé, si je n'avais pas du rester sur le canapé au lieu de l'écouter. Mon cerveau cherchait, en vain. Plongé dans mes pensées, je sentis une main sur mon épaule puis une tape amicale. Je me retournai et vis un collègue. « Aller Tanner, secoue-toi ! Peu importe son nom, ça doit pas te mettre dans cet état ! » J'esquissais un large sourire et repris mes esprits. Juste à temps, mon portable se mit à vibrer sans raisons, du moins, apparentes. Je vis que c'était l'anniversaire de la petite Callie, une enfant qui résidait à l’hôpital pour un temps malheureusement indéterminé. C'était une battante et je lui avais promis de venir pour son anniversaire et de lui prendre un cadeau de princesse. En milieu de matinée, j'étais désormais libre et fonçai prendre mon ukulélé, le cadeau de la petite fille étant bien sagement dans le coffre de ma voiture. Je partis en courant en saluant le reste de l'équipe, il était hors de question que je ne puisse pas passer un peu de temps avec la petite. Quelques instants plus tard, je fus sur le parking de l’hôpital et mon coeur se serra. Je pensais à Sloane , ce serait l'occasion de la voir après tout. Enfin, si elle travaillait. Les bras chargés d'un très gros paquet et de plusieurs autres plus petits et de mon étui pour ukulélé, j'essayais d'éviter un maximum de personne. A l'accueil, il me semblait apercevoir la jolie blonde -car oui, c'était une très jolie femme- mais cette dernière étant occupée, je continuais mon chemin, sous le regard du personnel féminin des différents services. J'affichais un large sourire nerveux, gêné. Je n'étais pas habitué à ce genre de regards et à vrai dire, j'avais l'impression d’être la dernière cuisse de poulet existante sur Terre. C'était un peu terrifiant mais drôle, le monde était un jeu qui connaissait des épisodes tragiques mais aussi largement comique. Je me souviens d'une infirmière m'ayant gratifié d'un très joli... euh, rugissement ? C'était ce qui s'en rapprochait le plus, enfin, je crois.

Je montais au deuxième étage, celui des enfants et fonçai vers la chambre de la petite Callie. « Colis express pour la plus jolie des princesses ! » J'entrais dans la chambre en saluant l'infirmière qui y était, je déposais les cadeaux sur la petite table, émerveillé à l'idée de lui faire plaisir. Il n'y avait rien de plus agréable que de voir un sourire sur les lèvres de quelqu'un, faire plaisir. Je déposais un baiser sur son front et m'asseyait à ses cotés, sortant mon petit instrument en même temps qu'elle ouvrait le premier paquet. Je lui jouais un air doux, en chantant ma propre version de la chanson traditionnelle d'anniversaire. J'en avais un souvenir approximatif et la seule chose qui ne me rendait complètement frustré de ne pas me souvenir d'une chose aussi basique, c'était le son de sa joie qui me ramenait à la réalité des choses, à l'instant présent. Une infirmière vint prendre place parmi nous et m'aida à monter la maison de poupée. Callie, elle, s'occupait de préparer les différentes pièces et les poupées, sa poupée préférée -c'était ne la voyant que j'avais eu l'idée. « Sloane tu gênes ! » Je me retournais d'un bond et vis la jeune femme. Je ne pus retenir un sourire et retournai son geste de la main par un signe de tête ainsi qu'un regard qui se voulait complice. Aussitôt apparue, aussitôt disparue. Je me retournai et avançai au maximum, jusqu'à la finir. L'infirmière m'invita gentiment à sortir, je lui obéis, c'était l'heure des soins. Continuant à regarder la petite fille, je ne faisais pas attention à l'endroit où je mettais les pieds et évitai de justesse une collision avec Sloane. Mes mains se placèrent sur ses épaules par réflexe, mon regard plongea dans le sien. Je défaisais l'emprise que j'avais sur elle, l'écoutant en souriant légèrement. -« J'ai voulu te voir mais à moins d'avoir un bras cassé, c'était impossible. J'ai jamais eu autant envie de me péter une jambe... » C'était ma façon de lui dire qu'elle m'avait manqué et que j'avais cherché à la revoir. -« Oui très bien et toi ? C'est l'anniversaire de Callie alors euh, je suis passé et j'espérais te voir alors c'est parfait. » Je déposais un baiser sur sa joue soudainement voire brutalement et me mis à agir comme un garçon de cinq ans. Je me demandais comment est-ce qu'elle faisait pour me rendre aussi... niais. Je pouvais m'en sortir face à cinq gros durs mais avec une femme... Mission impossible mais relevée.

❄ TANNER WAYLES & SLOANE EVERDEEN

À cet instant je ne m'étais jamais sentie aussi idiote de toute ma vie. Cherchant presque à me rendre aussi petite qu'une souris et ainsi partir le plus vite possible, m'en aller loin, très loin, là où je ne pourrai pas le voir, non pas que je n'avais pas envie, ma tête et mon cœur faisaient d'ailleurs la fête rien qu'en le voyant mais mon corps lui me hurlait de quitter les lieux. Ne pas avoir de ses nouvelles durant plusieurs jours avait été comme une véritable souffrance mais que voulez-vous que je fasse après cette stupide mise en scène que j'avais manigancer à me retrouver en tenue assez légère devant lui, l'invitant à me rejoindre dans son propre lit, poser ma tête sur son torse. Tout ces flashs de cette soirée n'arrêtaient pas de défiler dans ma tête jusqu'à ce qu'il me sorte de mes pensées, sentir la chaleur de ses mains sur mes épaules m'avait procurer un véritable frisson de plaisir, comme lorsqu'il avait caressé mes cheveux. Voilà que j'y repensais à nouveau, je devais être bien belle, blanche comme un cachet d'aspirine à croire que je venais de croiser un fantôme et des joues très certainement d'un rouge écrevisse traduisant parfaitement bien ma nervosité et ma timidité que j'essayais tant bien que mal de cacher. Je me surpris finalement à rire telle une bécasse à sa remarque, la délicatesse même de Tanner m'avait définitivement manqué plus que je ne le pensais. Mais sans lui avouer, je dois vous dire que j'avais également fait en sorte de ne pas le revoir, à vrai dire j'avais vraiment peur de ces retrouvailles, savoir comment nous allions nous adresser la parole, et surtout ce que nous allions nous dire. Je passais nerveusement une main dans mes cheveux, de nouveau un signe de nervosité. *Allez reprends toi Sloane, tu n'es plus une gamine, tu es grande, c'est pas comme-ci tu accordais de l'importance à ce qu'il pensait de toi. Sauf que tu en accordes de l'importance !* que pouvait-il bien penser de moi d'ailleurs ? Une véritable allumeuse qui avait été des plus entreprenante pour finalement le laisser comme-ça, sans rien, juste la chaleur de nos deux corps serrés l'un contre l'autre. Rien de plus... « L'anniver... Callie ? » il me sortit une fois de plus de mes pensées, je soupirai, grommelant quelques insultes à mon encontre alors qu'il déposait un baiser sur ma joue. Pardon ? Un baiser ? Sur ma joue ? Voilà que mon cœur s'emballait de nouveau, comme-ci je retournai en enfance, telle une petite fille littéralement sous le charme d'un garçon qui vient de lui faire un signe de main, enfin, c'était du Tanner, un grand enfant comme je m'amusais à lui dire. Je plongeai mon regard dans le sien, détaillant ses yeux cherchant une quelconque réponse à l'immensité des questions que je me posais.

J'avais fini par fouiller dans les poches de ma blouse, j'avais d'ailleurs senti quelques objets à l'intérieur que je ne tardai pas à sortir, comme une trouvaille que j'allais partager avec Tanner. « Super, j'ai en tout et pour tout un dollar et... Oh » d'un air faussement étonné mais surtout dégoûtée. « Un touillette à café ! » à trop penser au fait de voir ou ne pas voir Tanner j'avais complètement oublié l'anniversaire de la petite, je lui avais d'ailleurs promis un cadeau dont elle se souviendrait à vie mais pas une touillette. Je fermai les yeux et soupirai de nouveau. « A moins que je lui offre ça et que tu m'avances pour lui offrir le café. Chouette cadeau pour une enfant ? » Et voilà que j'essayais de faire de l'humour, un humour que je ne me connaissais à vrai dire pas vraiment, mais sa présence avait le don de me déstabiliser. En sa compagnie je dois dire que je ne répondais plus vraiment de moi. Maladroite, pas franchement drôle, et surtout très très très maladroite en fait. Je passais de nouveau une main dans mes cheveux, non plus signe de nervosité mais d'agacement, m'en voulant complètement d'avoir manqué à mon devoir, comment avais-je pu oublier son anniversaire ! Comment avais-je pu faire l'impasse dessus ? Moi et cette manie de fuir dés qu'un rapprochement avait lieu entre une personne du sexe opposé et moi, j'en oubliais presque la raison de ma présence à l'étage. « C'est pas grave, j'ai encore le reste de la journée pour trouver, il y a une boutique en bas, j'irai y faire un tours. » annonçant tout haut ce que je pensais tout bas, faisant alors de Tanner mon allié, je regardai pas dessus son épaule voir si l'infirmière ne sortait pas de la chambre de la petite, au moins pour le moment elle était occupée. « La... la radio se passe bien ? » changement radical de sujet, je vous l'accorde mais c'était une façon assez simple de ne pas penser qu'il me restait moins de 9h avant la fin des visites pour lui trouver de quoi embellir sa journée. C'est dingue à quel point je pouvais devenir un véritable moulin à parole lorsque j'étais dans une situation plutôt inconfortable. En l’occurrence, Tanner avait ce pouvoir, cet effet je dirai même de me chambouler.

SLOANE & TANNER.

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Depuis cette fameuse nuit "platonique", les choses nous échappaient enfin, elles m'échappaient en tout cas et je détestais perdre le contrôle. C'était un besoin vital, je comptais à tout prix avoir ma vie en main. Je ne pouvais pas dire que cette nuit fut platonique car ce fut une explosion de sensations pour ma part. Je ne savais pas ce que c'était d’être aussi proche d'une femme, de sentir son corps contre le mien, ses doigts sur mon torse. Je ne savais pas, je ne savais probablement plus. C'était ce qui m'avait rendu incroyablement nerveux, en apportant aussi la crainte du fameux geste déplacé qui gâcherait tout. J'appréciais profondément Sloane et je ne pouvais prendre le risque de la perdre. Je ne voulais plus rien perdre. Il me semblait avoir perdu ma vie, perdu cinq ans, perdu... tellement de choses. Je ne voulais pas y penser, me contentant largement de l'instant présent. Le Canada, Maple Bay, Sloane... J'avais désormais tout pour être heureux et je lui avais montré en la faisant entrer dans mon monde. Certes très impersonnel, se voulant chaleureux mais complètement dépourvu d'amour. Ce fut la première personne à y être entrée, la deuxième étant Aidhàn. Des nuits comme celles-ci, j'en voudrais pas centaine et milliers. Tellement, que nous n'arriverions même plus à les compter. Je donnerais tout pour ressentir à nouveau cet engrenage sensoriel. Seule Sloane avait su réengager la mécanique de mon coeur et de mon corps. Certes j'avais ressenti beaucoup de stress et de nervosité, mon coeur battait à une allure tout simplement inhumaine mais je n'avais jamais aussi bien dormi. Elle m'avait accordé repos et paix, pour la première fois depuis ma sortie de prison. Je lui en devais beaucoup et pourtant, j'étais incapable de le lui montrer, de lui témoigner tout ce que je pouvais ressentir pour elle. Certains parlent d'un espèce de "crush", moi cela me fait penser à un "crash". Et je refuse d'en entendre parler. J'observais la jolie blonde, elle semblait surprise de me voir, comme si elle apercevait un fantôme. Pourtant, nous nous étions rencontrés ici et le service me connaissait désormais, tellement j'étais un habitué. Je n'avais pas d'enfants mais leur innocence, leur pureté me fascinaient. Je ne connaissais pas grand chose de Sloane -pour ne pas dire rien- si ce n'était, qu'elle était, à sa façon, aussi blessée que j'avais pu l’être. Et je la trouvais tout simplement exceptionnelle. S'adonner aux autres avec autant d'ardeur, cela méritait le respect le plus complet, le plus solennel. Tellement concentrée dans son travail, elle en avait oublié l'anniversaire de la petite Callie. J'avais bien fait, en lui racontant mes histoires, que c'était de notre part à tous les deux.

Je l'écoutais toujours parler, n'intervenant pas. Elle me faisait rire avec sa touillette à café et son dollar en poche. Elle aurait pu lui offrir un stéthoscope, je suis sur que la petite aurait été ravie. Du moment qu'elle peut avoir un peu d'attention et beaucoup de rires, je pensais réellement que le bonheur était là. Bien sur, sans la maladie, elle serait encore mieux mais c'était un pas vers la guérison. Si le moral est bon, tôt ou tard, le physique finit par suivre. Continuant encore à parler, j'essayais d'ouvrir la bouche, rien ne sortait, elle continuait. « Sloane... Sloane.. Sloane ! » Je posais un doigt sur ses lèvres en souriant d'un air taquin. J'échappais un rire en la regardant, elle me faisait rire quand elle commençait à trop parler. « Sur le paquet, j'ai mis que c'était de notre part à tous les deux. Je me suis dis... Avec ton boulot et tout, que t'aurais pas le temps alors j'ai pris une grosse maison de poupée. Mais ce que je comprends pas, c'est toute les pièces à coté à prendre, c'est pas complet sinon et... remarque, on achète bien une maison vide normalement. Ils auraient au moins pu mettre la cuisine et un canapé... » Je sortis un distributeur de bonbons, plus précisément de PEZ et commençai à en manger deux, puis trois, puis quatre. « Pardon... T'en veux ? » Je lui tendis l'objet en forme de jouet en souriant comme un gamin. J'avais besoin de sucre, c'était petit mais assez concentré et puis, c'était bon et cela me rappelait quelques souvenirs étant enfant. La jeune femme me ramena sur Terre en parlant de mon métier. La radio. Je n'y connaissais pas grand chose et je ne faisais que parler de tout et de rien, mais j'aimais bien informer les gens sur des réalités peu connues et qui parfois pouvaient choquer quelques habitants de Maple Bay. Je faisais cela pour m'occuper, cela ne me prenait pas tellement de temps -sauf périodes exceptionnelles- et comme je déteste m'ennuyer, tout est parfait. -« Oui oui, enfin là avec les fêtes c'était un peu "chargé" selon les habitués mais j'aime bien, ça occupe bien les journées. Et puis c'est sympa mais je pense pas faire ça pendant cinquante ans. Et toi ? La médecine et tout ? » Son métier représentait beaucoup pour elle, cela pouvait se sentir à dix kilomètres à la ronde, je voulais prendre de ses nouvelles, essayer de rattraper un peu le temps perdu depuis cette fameuse nuit. « Dis moi, tu es de garde ce soir ? »

❄ TANNER WAYLES & SLOANE EVERDEEN

C'est définitif, je ne répondais plus de moi lorsque j'étais en sa présence. La raison ? Il avait ce don de m'intimider, de me rendre telle une petite fille. Un peu comme la petite Callie que je soupçonnai avoir également des vues sur lui, rien qu'à voir les regards qu'elle lui lançait, ses petits sourires qui se dessinaient sur ses petites lèvres lorsqu'elle savait qu'il allait venir lui rendre visite. J'étais à vrai dire comme cette petite Callie, j'aimais sa présence à mes côtés, j'aimais lorsqu'il prenait cet air enfantin, son côté jeune adolescent m'avait attendrit la première fois que je l'avais vu. Il avait définitivement une part plus importante que je ne le pensais dans ma vie, bien que je ne lui fasse pas partager celle-ci comme je le voudrai. Ce que je connaissais de Tanner ? Il était animateur à la radio locale, aimait venir passer des heures au deuxième étage de l'hôpital, redevenait un véritable enfant lorsqu'il entrait dans un magasin de jouets, un peu comme lorsque l'on ouvre nos cadeaux le jour de Noël. Sinon ? En fait j'en ignorai énormément sur sa vie, j'ignorai d'où il venait, son passé, sa famille, ses véritables ambitions, un véritable trou noir l'encerclait, et entre nous, je doute qu'un jour il me fasse partager ce genre de confidences. Remarque, je faisais fort de mon côté, il savait que j'étais divorcée, comme presque la totalité de la ville, mais il en ignorait les raisons, ce manque cruel de fonder une famille que je ressentais au plus profond de mon être qui faisait que j'avais reporté tout l'amour que je ne pourrai donner à ces enfants du deuxième étage. Il savait que j'étais médecin aux urgences, que quoi qu'il arrive je ne laisserai jamais passer mon métier en second plan, mais sinon... un mari adultérin, une stérilité que j'avais énormément de mal à accepter, des relations amoureuses pour le moins plus chaotiques les unes que les autres et encore, depuis que j'avais fait la connaissance de Tanner, l'unique relation avec un autre homme que je partageai était soit avec lui, soit avec Elywan, que je considérai comme un véritable confident, une épaule sur laquelle je pouvais me reposer, celui qui écoutait chacune de mes plaintes sans qu'il ne vienne à me juger. Il restait également Scratch, le chien de ma voisine, mais c'est encore une tout autre histoire. Quoi qu'il en soit, Tanner était l'unique relation extra « amicale » que j'avais, bien que je ne puisse pas véritablement définir le lien qui nous unissait. Amitié ? Je pense que nous avions dépassé ce stade. Amour ? Nous n'étions même pas arrivés à ce stade et je doute profondément qu'on l'atteigne un jour. Lorsqu'il posa son doigt sur ma bouche je sentis comme un nouveau frisson de plaisir parcourir l'intégralité de mon corps, comme-ci chaque geste qu'il avait me rassurait, me procurait ce plaisir, cette douce sensation d'être unique à ses yeux... « Je me chargerai des achats pour remplir sa petite maison. » me permettais-je de lui répondre après l'avoir remercié de ce geste. Je pouvais compter sur lui j'en étais sûre.

Finalement, la discussion changea de sujet et se retourna vers nos métiers respectifs, après avoir gentiment refusé la sucrerie qu'il me proposa je l'écoutai attentivement. La radio, c'était l'unique chose concrète que je savais de lui. Il m'était d'ailleurs arrivé durant mes pauses à l'hôpital de venir l'écouter, rien que le fait d'entendre sa voix me rassurait, provoquant un immense bien, faisant battre mon cœur à la chamade. « J'aimerai te dire que c'est sympa et que je m'amuse bien avec les patients mais... tu dois te douter que ce n'est pas beau tout les jours. » haussant les épaules, il est vrai que mon métier n'était peut-être pas des plus agréables dans le sens où je ne voyais pas souvent de bonnes choses mais je l'avais choisi. Consacrer mon temps à sauver des vies ou à aider mon prochain, il me passionnait, j'en étais même fière. « J'aime mon métier. » conclu-je en le gratifiant d'un sourire timide. Tanner devait très certainement en savoir plus que n'importe qui sur mon métier puisque les fois où nous nous voyions le plus c'était sur mon lieu de travail. Je me souviens même qu'avant cette fameuse nuit il m'avait attendu, à la réception jusqu'à 22h au moins. « Ce soir ? Je termine mon service à 20h. » interloquée par cette demande, je fronçai légèrement les sourcils, penchant ma tête sur le côté avant de reprendre. « Pourquoi ? » Me stoppant, je passais ma langue sur mes lèvres, nouveau signe d'une nervosité qui vous est maintenant bien connu étant donné qu'en présence de Tanner, ma nervosité atteignait très souvent son maximum. « Tu veux qu'on se voit ? » aussi étonnant que cela puisse être, je vous avoue que sortir ces six mots de ma bouche avait une très drôle de sensation. Voulait-il vraiment que l'on passe la soirée ensemble ? Était-ce simplement par courtoisie qu'il me posait cette question ? Mon cœur s'emballait de nouveau, je ne savais plus vraiment où me mettre. Après la soirée que nous avions passé et surtout les plusieurs jours que j'avais passé sans lui donner de nouvelles il voulait que l'on se retrouve ?

SLOANE & TANNER.

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this ship will carry our bodies safe to shore.

Sloane et moi formions une équipe, une sorte de duo de choc. Dès qu'il y avait quelque chose à faire, je savais que je pouvais compter sur elle et j'espérais que l'inverse était aussi ressenti par la jeune femme. Cela s'était vérifié à Noel pour les cadeaux des enfants et aussi pour l'anniversaire de Callie. La jolie blonde se donnait sans compter pour ses patients et je me souviens avoir découvert un large coeur dans les magasins de jouets. Nous voulions tous les deux tout prendre, car nous voulions tout donner à ces enfants. J'avais l'impression de revivre quelque chose, de voir une famille. Je n'étais pas sans attaches, il y avait les enfants de Maple Bay. Etre en leur présence me rappelait l'orphelinat. Je n'en avais que des bribes, probablement déformés par ma mémoire et le temps mais je savais ce que cela faisait de ne pas se sentir à sa place, d’être dans l'attente continuelle et l'espérance d'une vie meilleure. Je n'avais jamais pensé que Sloane était un monstre sanguinaire assoiffé d'opérations, son regard la trahissait. Je ne voyais pas la glace mais le coeur qu'elle avait. J'avais vu des sociopathes, complètement insensibles, incapable de ressentir quoique ce soit mais la jeune femme... Cela relevait de la protection et non de la maladie psychopathe. C'était quelqu'un de bien, et ce n'était pas désagréable de se faire tirer vers le haut et de ne plus lutter. J'essayais d’être moi-même, quitte à passer pour un gamin, le gamin de service. Je m'émerveillais devant tout, je redécouvrais tout avec des yeux d'enfant et un appétit de géant. Mes réactions pouvaient être peu communes et mes gestes peu raffinés, mais j'apprenais, j'essayais de devenir normal et ce n'était pas évident même après un an de liberté. D'ailleurs, cela faisait juste un an que j'étais libre et acquitté. J'avais envie de passer ce moment avec une personne en particulier et cette personne, c'était Sloane. Bien sur, je ne comptais pas glisser entre deux conversations : au fait, tu sais où j'étais ces cinq dernières années ? J'étais en prison et en plus pour meurtre ! Mais t'inquiètes pas, il parait que c'était pas moi ! Ca te dirait une glace ? Non, il était hors de question pour que je partage ce genre de choses indélicates. Je n'étais pas ici depuis assez longtemps pour me permettre ce genre de choses, ce luxe de se reposer sur quelqu'un. J'avais appris une chose pendant ces dernières années : on ne pouvait compter que sur soi-même. Enfin, de manière générale mais quelque chose me poussait à m'ouvrir à Sloane. Si je continuais sur cette pente, c'était notre relation qui risquait d'en pâtir et c'était ce que je voulais éviter à tout prix. Mais nous n'en étions pas encore là. La jeune femme me remercia pour ce que j'avais pu faire. Pourtant, ce n'était rien, cela m'avait fait plaisir de prendre une initiative pas si "pire" pour une fois. Elle s'engagea à prendre les autres pièces, mais c'était déjà fait.. « Justement... Je les ai prises et je trouve ça immoral de vendre une maison comme ça. C'est vrai, quand on achète une maison, y'a au moins la cuisine, non ? » Ou comment faire comprendre qu'on a jamais acheté une maison de sa vie. Il y avait des choses sur lesquelles je devais travailler.

La conversation suivait son cours, j'apprenais un peu plus sur elle. J'étais sur de l'amour qu'elle portait à son métier, et cela se confirmait à chaque fois qu'elle m'en parlait. Ce n'était bien sur pas aussi amusant qu'animer une émission de radio mais au moins, elle devait se sentir utile en sauvant des vies. Ce n'était pas un métier évident et je l'admirais pour la beauté de ce qu'elle faisait et toute la passion qu'elle pouvait y mettre. « Ca se voit que tu aimes. Enfin, je veux dire, quand je te voyais faire, t'étais.. enfin voilà, épanouie, c'est ton élément. Après je peux me tromper... » Elle finissait à vingt heures, parfait. Nous allions avoir l'occasion de rattraper un peu le temps que nous avions perdu depuis la fameuse nuit. Et cette nuit n'était pas n'importe quelle, je voulais fêter ma sortie avec elle, en prétextant une autre occasion. « Ben.. Je me disais que, fin ça fait quatre mois que je suis ici et je me disais qu'on pourrait fêter ça au restaurant ? Mais je comprends très bien que tu sois fatiguée et que tu préfères rentrer chez toi mais ça me ferait vraiment très plaisir de t'avoir à mes cotés ce soir. » J'esquissais un léger sourire et lui faisais mon regard qui ne saurait subir de réponse négative de sa part. Je la priais presque du regard. Dans tous les cas, je comptais aller manger dans un endroit spécial. La chose qui me faisait saliver lorsque j'étais en prison et dont je conservais le souvenir ? Des tagliatelles au pesto avec une escalope milanaise. Je continuais à la regarder et parvenais à détacher mon regard de la jolie blonde. Mon regard se balada sur le service et les infirmières et je me rendis compte que nous étions le centre de leur attention. Je me mis à rougir et à baisser la tête avant de me pencher vers Sloane et d'effleurer son oreille avec mes lèvres. « Je crois qu'on nous observe.. » J'échappais un léger rire et rétablissais une distance plus convenable entre nous. Je sentais son parfum enivrer mes sens, je fermais les yeux et profitais de l'instant qu'il m'était donné. Je secouai la tête et revins sur Terre, au coté du charmant médecin. « Docteur Everdeen me fera cet honneur ? Si ça peut la convaincre, je l'invite et si elle refuse, je me casse une jambe. Elle sera obligée de me supporter... » Le pire, c'est que j'étais assez fou pour me le faire.

❄ TANNER WAYLES & SLOANE EVERDEEN

Comment pouvais-je refuser une telle invitation de sa part ? Son sourire aussi timide qu'il n'était craquant allait vraiment finir par me faire succomber et je dois qu'il ne fallut pas énormément de temps pour que je vienne à lui donner une réponse. Enfin, le pensai-je, j'allais lui donner le fond de ma pensée lorsque je sentis comme des yeux se poser du nous, intuitions qu'il ne tarda pas à me confirmer, une fois de plus il s'approcha de mon visage à une distance que je pourrai qualifier de très dangereuse et très intimiste, surtout si nous évaluons notre relation à un stade des plus amical, enfin, je pense vraiment que c'est ainsi qu'il voyait notre relation, amicale, rien de plus. Tout ses gestes, toutes ses attentions, elles étaient dignes d'un ami. Moi ? J'aimais cette proximité qui nous entourait, j'avais ô grand bien aimé, non adoré, apprécié, et tout les adjectifs qui vont avec, restreindre un peu plus cette barrière qu'il y avait entre nous lorsque je l'avais invité à me rejoindre. Mais que pensez vraiment de lui ? Il était jeune, très jeune, trop jeune peut-être ? Certes il avait 26ans et j'en avais 29 mais à partir du moment où la trentaine approche tout ce qui est en dessous de 27ans se révèlent être comme des adolescents. Il avait cette petite touche d'immaturité qui m'avait séduit mais qui me faisait également tellement peur. Avouez-le, Tanner était un bel homme et après tout, je ne savais absolument pas ce qu'il faisait lorsque nous n'étions pas ensemble, la radio je veux bien, mais il n'était toujours à la radio, l'hôpital ? La même chose, et d'ailleurs, si à l'hôpital un bon nombre de femmes lui tournaient autour alors à l'extérieur il en était peut-être de même. Peut-être avait-il une immensité de conquête à son actif, cinq petites amies envers lesquelles il doit trouver des excuses toutes aussi farfelues les unes que les autres pour les voir sans qu'elles ne se posent des questions. Que savais-je sur Tanner ? Finalement absolument rien, et c'est peut-être ça qui me faisais peur au plus profond de moi. C'est peut-être pour ça que je me posais toutes ces questions à son sujet, c'est même par envie de savoir si j'étais toujours désirable que je me suis permise de me balader en t-shirt chez lui. Tanner était un mystère, une véritable énigme que je n'arrivai pas à résoudre. Je passais une main sur mon visage, grommelant à l'encontre des jeunes femmes que j'entendais chuchoter, me doutant bien de ce qu'elles devaient se dire. « Tu crois qu'ils couchent ensemble ? » demanderait l'une. « Elle a réussi à se faire Gamin Sexy ! » réagirait l'autre tout en me dévisageant. « De toutes façons c'est qu'une histoire de sexe, elle ne garde jamais ses amoureux bien longtemps. » se défendrait l'autre. « S'il faut il la trompe avec toutes les autres. La dernière fois je l'ai vu discuter avec une fille en ville, ils avaient l'air assez proches d'ailleurs. » conclurai la dernière, puis elles riraient telles des bécasses avant de faire en sorte de passer devant Tanner, lui lancer un sourire charmeur, me lançant un regard noir et finiraient par se retourner vers lui afin d'observer son postérieur. Et oui, l'hôpital peut-être bien pire que la cours de récréation parfois. Prenant une profonde inspiration, je lui souris avant de lui faire un signe de la tête en réponse à ce qu'il venait de m'avouer. « Te supporter ? Parce que tu penses vraiment que passer du temps avec toi est un supplice ? » Je lui souris de nouveau, ne contrôlant pas vraiment, vous même, pas du tout mes paroles. « J'aime bien passer du temps avec toi Tanner, je t'ai... ! ». Gloups, je me stoppai net dans cette subite déclaration qui allait se terminer par un « Je t'aime bien. » plus véridique qu'autre chose. Je pense qu'il avait compris que ma réponse était un oui bien qu'un peu trop argumenté à mon goût. Mon ventre se noua, mon cœur s'emballa, mes yeux s'écarquillèrent, je sentis même mes jours devenir complètement rouges écrevisses rien qu'à repenser à ce que je venais de lui dire.

« Oh, je pense que Callie a dut finir avec le traitement, je ne lui ai pas encore souhaité un joyeux anniversaire ! » une fois de plus, dans l'unique but de changer de conversation et ainsi d'oublier complètement ce que je venais de lui dire, je décidai de partir. Passant devant lui, je humais l'odeur de son parfum au passage, ce dernier me transporta de nouveau à cette fameuse soirée, ce parfum, j'en rêve encore, d'ailleurs n'était-il pas resté sur le t-shirt que je lui avais embarqué le matin même pour rentrer chez moi ? Je devrai songer à lui rendre un jour au lieu qu'il ne reste sur la chaise du salon. Enfin, j'avançais dans le couloir espérant que cet écart de parole n'avait pas sonner chez lui comme une déclaration d'amour complètement malvenue de ma part.

SLOANE & TANNER.

there's an old voice in my head that's holding me back
but soon it will be over and buried with our past
wait, wait, wait for me, please hang around
I'll see you when I fall asleep
though the truth may vary
this ship will carry our bodies safe to shore.

Être au centre de l'attention, la cause de tous les commérages et des rumeurs. Je ne supportais pas cela, je préférais de loin le calme de la foule. Il y a bien plus calme qu'une foule bien sûr, mais le sentiment d'être noyé, de ne pas être observé en tant qu'un individu mais en tant que groupe, cela me procurait des vertus apaisantes. J'avais l'impression de les entendre colporter de vieux ragots, des recherches ou des anciennes Unes de journaux new-yorkais. J'avais peur que quelqu'un découvre mon passé et me le fasse payer d'une façon ou une autre. Ce passé, je ne l'assumais pas et j'avais beau y travailler, il y avait encore tellement de choses à faire que je peinais à voir le bout du tunnel. Mais je savais que la fin de ce tunnel existait, et qu'à la sortie, il y aurait quelqu'un ou peut-être même plusieurs et ils me diraient que je n'ai plus rien à craindre, que tout ce qui a pu se passer est derrière et qu'il est désormais temps d'avancer. Mais je n'en étais pas encore là, j'étais en plein milieu, avec pour seule lumière l'espoir d'un départ à zéro dans cette petite ville de Maple Bay. Cela fonctionnait plus ou moins jusque là, mon intégration se faisait doucement mais sûrement et j'étais confronté à des situations vaguement connues, habituelles pour un citoyen normal mais une besogne redoutable pour un ancien détenu amnésique. C'était bête à cause de son caractère évident mais rien n'était évident lorsque l'apprentissage se faisait du début. Aborder quelqu'un, on se rend compte qu'on ne parle pas de la même façon à une femme qu'à un homme, qu'on ne se tient pas de la même façon en fonction. Il y avait plein de simples choses, des détails qui comptaient pour ne pas nous faire passer pour des aliens. Je n'avais pas le choix, je devais me fondre, quitte à paraître peu naturel en laissant voir mes lacunes. Je brouillais les pistes, ne me sentant pas prêt à dire sur tous les toits que j'étais amnésique, et encore moins un ancien détenu. J'imaginais Sloane réagir à cette vérité et ce n'était pas triste. Elle finissait par partir, et à ne plus me parler. J'étais victime de son jugement, malgré tous mes efforts. Je me réveillais en sueurs, à cause d'un énième cauchemar. Je m'étais attaché durablement à elle et avec une telle facilité que cela me laissait tout simplement sans voix, je ne savais pas pourquoi et encore moins comment car nous ne savions que très peu de choses l'un de l'autre. C'était l'occasion de rectifier cela lors de notre dîner, ce soir pour mes quatre mois à Maple Bay ou ma sortie de prison plus officiellement.

Je revenais sur Terre, aux côtés de Sloane en me plongeant dans son regard azur. J'oubliais ses paroles à force de les boire. Je ne prêtais pas vraiment d'attention au sens de ses mots, préférant leur son. J'hochais la tête et me rendis compte qu'elle venait de dire quelque chose d'inachevé. Un "je t'ai..." peut-être avais-je quelque chose ? Je passais ma main sur mon visage et arquais un sourcil en la voyant partir. Me fuyait-elle déjà ? Avant même que tout ait commencé ? J'osais à peine y croire. Ainsi, je m'élançais à sa poursuite, en lui attrapant le bras. Je ne voulais pas qu'elle parte, pas maintenant et encore moins plus tard. Craignant que ma pression sur son poignet soit trop forte, je desserrai ma main délicatement, tout en la regardant d'un air gêné. « Complètement insaisissable mademoiselle Everdeen... Je passerais te prendre à la fin de ton service ? Je te laisse le choix du restaurant, tu dois mieux connaître les bonnes tables de Maple Bay que le pauvre américain que je suis. » J'offris un large sourire à la jeune femme et déposais un sourire sur sa joue avant de saluer Callie d'un signe de main et de passer ma tête dans la chambre. « Le docteur Everdeen te veut pour elle seule, je repasserais demain princesse ! » Je fis un clin d'oeil à Sloane avant de partir du service, bien pressé d'être à ce soir, avec Sloane même si j'étais complètement pétrifié à l'idée de me retrouver seul avec une femme, dans un restaurant...

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